Une démocratisation lente

Contrairement à ce qu'il est possible de croire, la popularité des véhicules
électriques n'est pas encore très significative.
Québec — Depuis plus d’une année, les voitures électriques apparaissent sur les marchés québécois et canadiens. En 2011, seulement 193 véhicules du genre, toutes catégories confondues, ont trouvé preneur sur 1,6 million d’automobiles vendues au Canada, selon les statistiques de Statistique Canada et du site web Good Car Bad Car. Cependant, le gouvernement du Québec continue d’investir dans cette technologie au départ modeste.

Selon le Plan d’action 2011-2020 sur les véhicules électriques du Québec la somme des crédits d’impôt octroyés en date du 31 décembre 2011 s’élève à près de 9,6 millions de dollars en incitatifs à l’achat. Le but est d’atteindre « l’ambitieuse » cible de 118 000 automobiles électriques pour 2020. Données qui équivaudraient à près de 25% des nouvelles voitures légères sur le marché.

« L’arrivée des véhicules électriques représente une occasion à saisir pour le Québec », affirme dans le Plan d'action, le ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, M. Clément Gignac. Une occasion liée aux intérêts économiques et environnementaux du Québec, selon le document.

Pour sa part, le chroniqueur automobile du journal La Presse, Éric Descarries, a un pronostic différent du gouvernement. « La voiture électrique, présentement, ce n’est pas si glorieux. Selon moi, en 2025, moins de 10% des voitures sur nos routes seront entièrement électriques. »

Alain Morin rédacteur en chef du site web du Guide de l'auto, quant à lui, considère que l’intérêt porté aux automobiles électriques par les médias est « plus grand que la réalité ». « Les gens ne sont pas prêts à payer pour ce genre de véhicule, malgré les incitatifs. Ce n'est pas seulement l’argent; il faut aussi changer les mentalités. »

Améliorer la visibilité

Afin de faire connaitre le produit, le gouvernement québécois a mis sur pied plusieurs projets. Communauto par exemple, qui offre un service d’autopartage de véhicules routiers, a reçu l’aide financière nécessaire afin de commander 50 voitures électriques pour garnir sa flotte.

« Nous croyons que l’autopartage est un excellent moyen de faire connaitre le produit, sans devoir l’acheter », explique Marco Viviani, directeur développement et relations publiques chez Communauto. « Nos clients sont contents, la réponse est bonne et l’utilisation adéquate », ajoute-t-il.

M. Viviani reste réaliste. Si sa compagnie n’avait pas eu l’aide gouvernementale adéquate — près d’un quart du budget du projet pilote — il n’aurait peut-être pas pu lancer une telle initiative. « C’est encore un peu tôt pour savoir si notre investissement est optimisé, on devra attendre la fin de la présente année pour évaluer les résultats et regarder si nous réinvestissons ou non. »

Cependant, l’incertitude persiste chez M. Alain Morin. « Tant que l’autonomie des voitures n’augmentera pas de façon considérable, je serais surpris que la voiture électrique connaisse une montée fulgurante. À moins d’une grande surprise, ça ne devrait pas se passer dans la prochaine décennie. » Il considère que cette technologie est condamnée à une utilisation citadine pour le moment.